La terre vue du David Pujadas (épisode 4)
Potentiel d’un grand retour en deux phases

Après quatre mois d’abstinence télévisuelle, le PetLabPotGlob a bien reçu vos contributions à peu près nombreuses et a pu s’acheter, non pas l’écran LED dont il rêvait, mais un petit poste d’occasion de 42 cm. Mais vous voyez, on ne vous en veut pas. Le David Pujadas fait un retour en fanfare pour le bonheur de tous, nous le savons.

Ca commence très fort pour notre satellite qui surveille la terre en orbite à 1,65 m au-dessus du sol, avec ce 20 heures émérite du 5 avril 2010. L'un des sujets annoncés fait bondir rien qu’en écoutant son résumé dans les titres. Suite aux ravages occasionnés par la tempête Xynthia (heureusement que Citroën a lancé la Xantia il y a 17 ans, sinon son modèle aurait bu la tasse), le président du conseil général de Charente Maritime, Dominique Bussereau (secrétaire d’état aux transports) envisage d’augmenter les impôts locaux afin de payer les dégâts subits par le département. David Pujadas nous annonce en chapeau du sujet à venir que dans la population locale, la nouvelle est accueillie de manière mitigée. Tu m’étonnes, Elton ! On attend de les entendre avec impatience, les mécontents. A leur place, nous… Le ton mitigé est alors introduit par une quadra plutôt bon teint, en tout cas propre sur elle, qui dit qu’en ce qui la concerne, il lui semble tout à fait normal de demander au citoyen de mettre la main à la poche pour redresser ce que la nature a foutu par terre. Quoi ?!!! Bon, vivement, le suivant, celui qui va faire contre poids, pour que la représentation du mitigé annoncée soit rétabli. Apparaît un type, la soixantaine, visiblement irrité, ulcéré même, par la nouvelle. Que dit-il, ce bon retraité, tout en galopant comme s’il voulait fuir le journaliste qui le questionne ? En substance ceci : que c’est un scandale, que c’est toujours les mêmes qui payent et qu’il faudrait taxer ceux qui ont des résidences secondaires dans la région, parce que eux, ils ont les moyens ! Voilà. C’est tout pour le mitigé. Derrière, Bussereau intervient dans les jardins tout secs de son ministère pour défendre son projet. C’est tout ?!!! Oui. N’y a-t-il donc eu personne parmi les sinistrés interviewés pour hurler qu’il est quand même hallucinant d’entendre de la bouche de ceux-là même qui ont fourni tous ces permis de construire en zones inondables, en ayant conscience de ce qu’ils faisaient, en tentant même de détourner la loi (lire à ce sujet l’article de Didier Hassoux dans le Canard Enchainé du 31 mars 2010), que tout ce qu’ils trouvent comme solution pour financer toute cette merde dont eux seuls sont responsables, c’est d’augmenter de 6% les impôts locaux ? Non, vraiment personne ? Ou bien ont-ils étaient coupés au montage ? Parce que si vraiment, il n’y en a pas eu un, on en serait presque à leur souhaiter qu’une nouvelle vague les atteignent encore un coup d’ici un an ou deux. Juste pour qu’ils comprennent que les impôts locaux payés avant Xynthia ont été certainement mal utilisés ou bien qu’ils ont voté pour les mauvaises personnes.

Et le dernier pour la route, cette phrase que seul notre petit satellite est capable d’émettre pour tenter d’embellir le sujet à venir : il n’y a pas qu’en France qu’on parle d’identité nationale. Aux Etats unis, nous explique-t-il, dans une réserve Mohawk, les autorités indiennes viennent de voter un décret qui les autorise à expulser tous les Blancs qui vivent dans le village. Et dans le reportage, l’un d’entre eux de se défendre : « Les Blancs nous ont parqués eux mêmes dans cette réserve, ils n’ont donc rien à y faire, qu’ils s’en aillent. » Oui, ça c’est certain, ça valait bien la peine de faire un trait d’humour en parlant de notre identité nationale, M. Pujadas, histoire de décomplexer le sujet et de le rendre plus bizarre. Mais désolé, la comparaison est un peu outrancière. La où la France n’avait pas grand chose à gagner en posant cette question idiote, les USA eux connaissent un véritable problème avec leurs identités, ne serait-ce que celles qu’ils ont exterminées, niées, mise en coupes réglées, ghettoïsées. Le sujet montré là n’avait aucun aspect comique, ni même bizarre. Présenté en deuxième partie de journal comme une sorte de brève de l’autre bout de l’univers, le sort réservé aux Indiens d’Amérique depuis leur extermination et les réactions qu’il suscite ne sont certainement pas à être pris à la légère. Mais qui sait, d’ici quelques années, lorsque l’Etat français aura définitivement abandonné les plans banlieues et qu’il en aura fait des réserves à pauvres, Pujadas trouvera peut-être une phrase de lancement tout aussi péremptoire pour envoyer un sujet sur les français de souches éjectés des cités parce qu’elles seront devenues elles aussi des sortes de réserves où l’immigration y sera gérée comme un zoo humain. A moins que ça n’arrive plus tôt, quand nos concitoyens s’infiltreront dans certains HLM de la ville de Paris pour foutre dehors des élus du peuple qui n’ont rien à faire dans 120 mètres carrés à loyers modérés.

En tout cas, une chose est sûre, vue comme il bosse bien, dans vingt ans, Pujadas sera toujours là, lui.


Pour relire les précédents épisodes des aventures du David Pujadas c'est ici:

Episode 1

Episode 2

Episode 3