Oui, comme on l’a annoncé dans la colonne de droite tout au long de la semaine dernière, il nous restait un Garnier encore non lu, un vieux, de 2001. Et bien, on est très content de vous en parler parce qu’on s’est bien marré…
Daniel et Corinne se rencontrent dans un ascenseur en panne. Daniel vient de perdre son père (qu’il n’aimait pas), Corinne vit l’étage du dessus (dans un tout petit appartement). La maîtresse de Daniel meurt dans un accident d’avion. Corinne lui propose de s’installer avec elle dans la propriété de ses parents à la campagne. Là, elle retrouve son fils, un enfant handicapé de trois ans sous la garde de ses grands parents. C’est là que débarque Angela, une jolie Anglaise qui vient d’acheter la maison voisine. Voilà où commence l’histoire de Daniel, Corinne, Angela… et Titus, le chat.
Vous savez comment fonctionne la publicité : elle vous tabasse jusqu’à ce que le produit qu’elle vante vous entre si profondément dans le cortex que lors de votre prochaine visite au supermarché, vous l’achèterez automatiquement. Toute proportion gardée (on est dans le domaine culturel, tout de même, il ne faut pas tout mélanger – ah ! ah !), c’est un peu de cette manière que le PetLabPotGlob fonctionne. Qu’on se le dise : tant que les chiffres de ventes de Pascal Garnier n’éteindront pas ceux de Paul-Loup Sulitzer, les laborantins vous pollueront le noyau avec les chroniques de ses bouquins – rassurez-vous, il n’en reste plus beaucoup ; inquiétez-vous, Garnier est productif.
Les Nuisibles est, à peu près – et pour le plaisir d’utiliser un grand mot – la quintessence du garnierisme. Si, si, on en a fait l’expérience : on a placé tous les livres de Garnier dans une centrifugeuse Hettich pendant toute une nuit, on a récupéré un jus, on l’a placé dans toute un tuyauterie d’alambiques, on a chauffé, on a refroidi, on a lyophilisé et trois jours après, on a récupéré le substrat. On a placé ça sous la lentille du microscope électronique et on obtenu… Les Nuisibles.
Une sale histoire, ces Nuisibles. Une confluence de drames familiaux et de dépressions, de mal-être et d’alcoolisme. Et un humour minimaliste et ravageur. Oui, c’est drôle. Garnier vous ferait rire en chroniquant le quotidien d’une salle de réanimation, de toute façon. Tout ça avec trois mots, pas le moindre effet, juste quelques bouées de secours lancées au lecteur quand vraiment, ce qui vient de se passer est trop horrible.
Et puis il y a Titus. Nous en avons déjà parlé lors de notre dernier papier sur Le Grand Loin (ici), le chat chez Garnier n’est pas un subside à une journée d’écriture laborieuse. Celui-ci, comme le dernier, ne passe pas son temps à émouvoir son maître en glandant sur le radiateur et en se passant un mignonne papatte toute pelucheuse sur son museau rosâtre. Non, Titus est un personnage. Lui aussi terrible et drôle, vache et sans concession. Il ne permet pas à Garnier de remplir des pages comme la plupart de ses contemporains, jouets de propriétaires à la graphomanie douteuse. Non, Titus est un monstre, comme Daniel, voir même pire. Il ne s’attendrit sur rien.
« A l’autre bout du potager, un lapin fixait Daniel, oreilles dressées, œil apeuré, nez frémissant. Daniel n’avait jamais tué de lapin mais une pléthore d’humains l’avait fait avant lui si bien que l’animal ne le distinguait pas des autres prédateurs. La peur qu’il diffusait était palpable. Daniel se retira tout doucement, à reculons, pour ne pas l’effrayer. La bête, mise en confiance, fit un petit bond en avant et se mit à grignoter un tubercule tandis que l’homme s’en revenait chez lui, magnanime, oint de cette gloire insigne qui lui permettait d’accorder la vie à un plus petit que soi. C’est à ce moment précis que Titus, embusqué dans un fourré, bondit sur le lapereau et l’égorgea. »
Voilà, que ceux qui croient encore que Garnier n’existe pas plus que la cruauté des chats soient jetés en pâture à un troupeau de libraires affamés.
Vous savez comment fonctionne la publicité : elle vous tabasse jusqu’à ce que le produit qu’elle vante vous entre si profondément dans le cortex que lors de votre prochaine visite au supermarché, vous l’achèterez automatiquement. Toute proportion gardée (on est dans le domaine culturel, tout de même, il ne faut pas tout mélanger – ah ! ah !), c’est un peu de cette manière que le PetLabPotGlob fonctionne. Qu’on se le dise : tant que les chiffres de ventes de Pascal Garnier n’éteindront pas ceux de Paul-Loup Sulitzer, les laborantins vous pollueront le noyau avec les chroniques de ses bouquins – rassurez-vous, il n’en reste plus beaucoup ; inquiétez-vous, Garnier est productif.
Les Nuisibles est, à peu près – et pour le plaisir d’utiliser un grand mot – la quintessence du garnierisme. Si, si, on en a fait l’expérience : on a placé tous les livres de Garnier dans une centrifugeuse Hettich pendant toute une nuit, on a récupéré un jus, on l’a placé dans toute un tuyauterie d’alambiques, on a chauffé, on a refroidi, on a lyophilisé et trois jours après, on a récupéré le substrat. On a placé ça sous la lentille du microscope électronique et on obtenu… Les Nuisibles.
Une sale histoire, ces Nuisibles. Une confluence de drames familiaux et de dépressions, de mal-être et d’alcoolisme. Et un humour minimaliste et ravageur. Oui, c’est drôle. Garnier vous ferait rire en chroniquant le quotidien d’une salle de réanimation, de toute façon. Tout ça avec trois mots, pas le moindre effet, juste quelques bouées de secours lancées au lecteur quand vraiment, ce qui vient de se passer est trop horrible.
Et puis il y a Titus. Nous en avons déjà parlé lors de notre dernier papier sur Le Grand Loin (ici), le chat chez Garnier n’est pas un subside à une journée d’écriture laborieuse. Celui-ci, comme le dernier, ne passe pas son temps à émouvoir son maître en glandant sur le radiateur et en se passant un mignonne papatte toute pelucheuse sur son museau rosâtre. Non, Titus est un personnage. Lui aussi terrible et drôle, vache et sans concession. Il ne permet pas à Garnier de remplir des pages comme la plupart de ses contemporains, jouets de propriétaires à la graphomanie douteuse. Non, Titus est un monstre, comme Daniel, voir même pire. Il ne s’attendrit sur rien.
« A l’autre bout du potager, un lapin fixait Daniel, oreilles dressées, œil apeuré, nez frémissant. Daniel n’avait jamais tué de lapin mais une pléthore d’humains l’avait fait avant lui si bien que l’animal ne le distinguait pas des autres prédateurs. La peur qu’il diffusait était palpable. Daniel se retira tout doucement, à reculons, pour ne pas l’effrayer. La bête, mise en confiance, fit un petit bond en avant et se mit à grignoter un tubercule tandis que l’homme s’en revenait chez lui, magnanime, oint de cette gloire insigne qui lui permettait d’accorder la vie à un plus petit que soi. C’est à ce moment précis que Titus, embusqué dans un fourré, bondit sur le lapereau et l’égorgea. »
Voilà, que ceux qui croient encore que Garnier n’existe pas plus que la cruauté des chats soient jetés en pâture à un troupeau de libraires affamés.
Les Nuisibles
Roman français de Pascal Garnier
Flammarion – 182 pages - 2001
Roman français de Pascal Garnier
Flammarion – 182 pages - 2001