Un riche potentiel:
auteur de romans à déstocker (suite)

Résumé de l’épisode précédent : Moins d’un an après la date de parution de mon roman « Mes amis mortels » (collection Les Mat-Spérone), les éditions du Toucan m’envoi un mail au mois d’avril pour m’avertir qu’ils vont passer au pilon 1948 exemplaires et m’invite, si cela m’intéresse, à racheter ce stock pour la modique somme de 20 399,48 €. (lire ici)

On aurait pu en rester là. Et j’aurais pu me contenter du coup de téléphone de mon éditeur qui, se voulant rassurant, m’a aussitôt dit que le roman serait toujours commercialisé pendant encore « six… bons… mois. » Nous étions alors le 9 avril 2009.
Or, en faisant quelques recherches sur le net afin de composer pour la colonne de droite un département « Sébastien Gendron n'est potentiellement pas… » (recensement de mes homonymes sur la toile), je tombe, il y a une quinzaine de jours, sur le forum du site Pol’Art Noir. Là, plusieurs post concernent « Mes amis mortels » : il s’agit vraisemblablement d’une discussion entre libraires autour des Mat-Spérone et plus précisément de mon épisode. Parmi les commentaires qui en sont fait, il y a celui-ci :
“La maison d'édition Toucan (TF1 publications) annonce l'arrêt de commercialisation du premier épisode de cette "savoureuse" série des Mat-Sperone et invite les libraires à retourner les exemplaires qu'ils auraient encore sur leurs étagères...”
Immédiatement, je contacte ce type pour lui demander des précisions sur l’avis dont il parle. Et immédiatement, il me renvoi un lien vers le site de Livre Hebdo où je télécharge le document suivant : c’est un avis professionnel portant cette mention en en-tête : « Les Editions du Toucan informent Mmes et MM. Les libraires que les titres suivants ne sont plus commercialisés. Les retours seront acceptés chez Hachette Livre jusqu’au 29 avril 2010. » Suivent deux colonnes de références parmi lesquelles figure au numéro 9782810001057 : « Mat Spérone mes amis mortels». (La preuve en images)
Comme je suis un garçon suspicieux qui ne croit que ce qu’il voit sur papier, je contacte derechef mon camarade Christophe Dupuis, émérite libraire dans la bonne ville de Langon en Gironde, et lui demande de mettre la main sur l’exemplaire du Livre Hebdo porteur de la suscitée annonce. Il le retrouve et me l’expédie. Deux jours plus tard, j’ai sous les yeux l’avis sur papier glacé, en fin de programme, dans un joli encadré des pages Annonces Classées. Il s’agit du Livre Hebdo n° 773 datant du 17 avril.
Je préviens Pierre Fourniaud, le directeur de collection, qui tombe des nues. Il comprend d’autant moins qu’il s’applique à faire systématiquement des renvois dans chaque opus des « Mat-Spérone » aux précédentes parutions et « Mes amis mortels » est dors et déjà cité en exergue dans les pages du prochain (« Africa Corse » de Christian Lestavel, sortie prévue le 21 mai). Notons au passage un fait important : si M. Fourniaud s’applique à faire suivre les références aux précédents épisodes, jusqu’ici, aucune des parutions des Mat-Spérone ne contient la moindre page bibliographique mentionnant les titres déjà parus dans la collection.
Dans le même temps, j’envoie un mail à Damien Sérieyx, l’éditeur de Toucan Noir. Dans la case objet, je note « sans commentaire » et je joins, sans commentaire donc, le pdf de l’avis. Pas de réponse depuis de l’homme qui m’avait affirmé voilà un mois que mon livre avait encore six beaux mois d’exploitation devant lui.
L’amusant dans ce numéro de Livre Hebdo, c’est qu’en page 46, il y a un article sur Pierre Fourniaud et Jérome Pierrat (les deux créateurs et directeurs de la collection des Mat-Spérone) : il s’agit d’un portrait des deux compères qui viennent de monter leur propre maison d’édition, La manufacture de livres. Un portrait dans lequel on dresse un CV où il est fait mention de leur rôle dans la collection des Mat-Spérone pour Toucan Noir. Gageons qu’il existe quelque part en ce bon pays, quelques libraires en mal d’activité qui lisent assidûment, de la première à la dernière page, cette revue professionnelle.
Ah ! La joie du potentiel d’appartenir à un grand groupe d’édition (rappelons pour mémoire que Toucan Noir est une émanation de TF1 Publishing). Il reste tout de même une intrigue là-dedans qui pourrait attiser ma paranoïa : pourquoi moi uniquement ?