Ah ! Qu’elle est moquable cette belle époque où nous avions tous entre 10 et 20 ans, où tout était léger comme l’air et où l’avenir ressemblait à une sorte de trampoline sous un ciel sans nuages. C’était tellement bien que même le monde de l’art faisait dans la médiocrité joyeuse et sans lendemain. Les Années 80, c’était la belle vie. Alors en temps de crise, ca peut servir…
Mes retrouvailles avec la Madeleine de Proust des années 80, je les ai subi à Miami, à l’été 2001. Tout, là-bas n’était que revival 80’s, des vestes Armani à manches retroussées sur pectoraux nus et bronzés version Sonny Crockett, aux bandes FM qui diffusaient en boucles les pires tubes jamais pondus en trente ans de musique pop. Les Américains ne s’étaient pas encore pris deux avions dans la gueule mais déjà, ils repartaient en arrière, gélifiés dans la nostalgie des années fric. Je m’étais dit à l’époque qu’après tout, Miami la tordue avait connu ses plus belles gloires à cette époque et que la cité n’étant plus qu’une immense maison de retraite à Canadiens, il fallait sans doute la faire revivre à coup de mélancolies audio-visuelle. Et j’étais plutôt heureux de les savoir cantonnée dans ce petit territoire.
Les Années 80. Pour ceux d’entre vous qui n’ont pas connu cette époque, le tour en est vite fait : on se fringuait n’importe comment, de préférence coloré, avec des pantalons à pinces, des jean’s marbrés, des vestes en laine Lacoste roses, des godasses immondes sur des Burlington jaunasses, on portait à la taille des objet décoratifs de style cordon de téléphone translucides. On passait des heures entières devant la glace à se coiffer comme des Brésiliennes de sitcom. On allait au cinéma voir des films pleins de fumée, de lumières bleues et de ventilateurs où les acteurs eux-mêmes influençaient nos délires capillaires. Et surtout, surtout, on écoutait de la merde calibrée 3 minutes 30 qui nous venait principalement d’Italie, d’Allemagne et des Etats-Unis, fabriquée par un trio de producteurs surdoués dans la boite à rythme et les nappes de synthé suicidogènes. A eux seul, Stock, Aitken et Waterman pourraient être accusés d’avoir totalement défiguré le paysage musical de cette décennie. Après la vague protoexpérimentale qui avait vu naitre quelques monuments dans les années 70, l’arrivée de ces types sur le marché ressemble à une vengeance. Les mêmes monuments, noyés par la déferlante FM, ont dû s’asseoir sur leurs exigences pour vivre. Entre 1980 et 1990, de Bowie aux Stones en passant par le roi Iggy et Roxy Music (pour ne citer qu’eux), tout le monde a contribué à la grande pollution et tout le monde a copié ce qui se faisait de plus abjecte en matière de mélodie. Réécouter aujourd’hui un album tel que Blue Jean ou Blah Blah Blah donne des sueurs froides et mauvaise haleine, et dans certaines intros, on a l’impression de s’être gouré de disque et d’entendre du Cindy Lauper ou du Modern Talking. L’un des pires collabo de cette période restera sans aucun doute possible Sir Elton John qui, avec Ice on Fire en 1985, signa un pacte avec le diable dont il ne revint jamais.
Voilà. En France, la décennie avait débuté par un album prophétique : Les Années 80 Commencent dans lequel Michel Jonasz se demandait « Petit fils, au bas du toboggan qui glisse, y aura-t-il du sable pour toi ? ». Et bien du sable, il y en a pour la descendance post 80. Plus qu’il n’en faut. Aujourd’hui, elle recommencent, les années 80. Ce qui semblait être une exception culturo-vulgaire floridienne en 2001, s’est rependue comme une flaque de sirop Pam Pam, huit ans plus tard sur la totalité du globe. Les stations de radio rediffusent à fond de cale les fonds de tiroirs de cette période rosée et ce sont nos enfants qui profitent de ces déchets, comme si les générations précédentes n’avaient pas assez pilonné les richesses du sous-sol. Prenez un taxi, entrez dans une boutique, appelez une hot-line à 58€ la seconde, immanquablement, vous entendrez beugler Wham, Duran Duran, Sandra ou Laura Brannigan. Vouloir encore, aujourd’hui, s’enfermer dans un garage avec deux Strato caster, une batterie et un pack de bière avec l’espoir de rencontrer un producteur ressemble plus que jamais à une légende urbaine totalement dénuée de sens.
Oui, mais alors pourquoi-comment ça se fait ? Et bien, la crise, Mesdames Messieurs. Lorsque l’homme est malade, il se replie en position fœtale sur ce qu’il possède de plus sûr et de plus rassurant. Les Années 80, cette joyeuse cour de récréation où le libéralisme entrait pour une part importante dans la règle du jeu de la moindre partie de ballon prisonnier, deviennent aujourd’hui un phare dans la tempête. Seulement, il n’y a plus de fric. Alors il reste les chansons. Et c’est dans la crise que les produits infâmes de Stock, Aitken et Waterman prennent toutes leurs valeurs. Mais, si, je vous promets. C’est comme le poppers, autre grand produit de consommation courante des eighties. Vous vous mettez un bon Hal Corley, un bon A-Ha, un bon Samantha dans les oreilles et vous allez voir : vous allez vous poiler pendant cinq bonnes minutes. Et puis après vous aurez une migraine suivie d’un épisode dépressif, puis d’une violente envie de vomir. C’est là qu’il faut en reprendre.
Franchement, la musique immonde des Années 80, on n’a rien trouvé de mieux aujourd’hui pour redonner le moral et préparer la suite. La preuve, Partenaire Particulier, auteur d’un seul tube éponyme en 1985, ressort un album ces jours-ci et se tape une tournée. Allez, reprenez du poppers.
Les Années 80. Pour ceux d’entre vous qui n’ont pas connu cette époque, le tour en est vite fait : on se fringuait n’importe comment, de préférence coloré, avec des pantalons à pinces, des jean’s marbrés, des vestes en laine Lacoste roses, des godasses immondes sur des Burlington jaunasses, on portait à la taille des objet décoratifs de style cordon de téléphone translucides. On passait des heures entières devant la glace à se coiffer comme des Brésiliennes de sitcom. On allait au cinéma voir des films pleins de fumée, de lumières bleues et de ventilateurs où les acteurs eux-mêmes influençaient nos délires capillaires. Et surtout, surtout, on écoutait de la merde calibrée 3 minutes 30 qui nous venait principalement d’Italie, d’Allemagne et des Etats-Unis, fabriquée par un trio de producteurs surdoués dans la boite à rythme et les nappes de synthé suicidogènes. A eux seul, Stock, Aitken et Waterman pourraient être accusés d’avoir totalement défiguré le paysage musical de cette décennie. Après la vague protoexpérimentale qui avait vu naitre quelques monuments dans les années 70, l’arrivée de ces types sur le marché ressemble à une vengeance. Les mêmes monuments, noyés par la déferlante FM, ont dû s’asseoir sur leurs exigences pour vivre. Entre 1980 et 1990, de Bowie aux Stones en passant par le roi Iggy et Roxy Music (pour ne citer qu’eux), tout le monde a contribué à la grande pollution et tout le monde a copié ce qui se faisait de plus abjecte en matière de mélodie. Réécouter aujourd’hui un album tel que Blue Jean ou Blah Blah Blah donne des sueurs froides et mauvaise haleine, et dans certaines intros, on a l’impression de s’être gouré de disque et d’entendre du Cindy Lauper ou du Modern Talking. L’un des pires collabo de cette période restera sans aucun doute possible Sir Elton John qui, avec Ice on Fire en 1985, signa un pacte avec le diable dont il ne revint jamais.
Voilà. En France, la décennie avait débuté par un album prophétique : Les Années 80 Commencent dans lequel Michel Jonasz se demandait « Petit fils, au bas du toboggan qui glisse, y aura-t-il du sable pour toi ? ». Et bien du sable, il y en a pour la descendance post 80. Plus qu’il n’en faut. Aujourd’hui, elle recommencent, les années 80. Ce qui semblait être une exception culturo-vulgaire floridienne en 2001, s’est rependue comme une flaque de sirop Pam Pam, huit ans plus tard sur la totalité du globe. Les stations de radio rediffusent à fond de cale les fonds de tiroirs de cette période rosée et ce sont nos enfants qui profitent de ces déchets, comme si les générations précédentes n’avaient pas assez pilonné les richesses du sous-sol. Prenez un taxi, entrez dans une boutique, appelez une hot-line à 58€ la seconde, immanquablement, vous entendrez beugler Wham, Duran Duran, Sandra ou Laura Brannigan. Vouloir encore, aujourd’hui, s’enfermer dans un garage avec deux Strato caster, une batterie et un pack de bière avec l’espoir de rencontrer un producteur ressemble plus que jamais à une légende urbaine totalement dénuée de sens.
Oui, mais alors pourquoi-comment ça se fait ? Et bien, la crise, Mesdames Messieurs. Lorsque l’homme est malade, il se replie en position fœtale sur ce qu’il possède de plus sûr et de plus rassurant. Les Années 80, cette joyeuse cour de récréation où le libéralisme entrait pour une part importante dans la règle du jeu de la moindre partie de ballon prisonnier, deviennent aujourd’hui un phare dans la tempête. Seulement, il n’y a plus de fric. Alors il reste les chansons. Et c’est dans la crise que les produits infâmes de Stock, Aitken et Waterman prennent toutes leurs valeurs. Mais, si, je vous promets. C’est comme le poppers, autre grand produit de consommation courante des eighties. Vous vous mettez un bon Hal Corley, un bon A-Ha, un bon Samantha dans les oreilles et vous allez voir : vous allez vous poiler pendant cinq bonnes minutes. Et puis après vous aurez une migraine suivie d’un épisode dépressif, puis d’une violente envie de vomir. C’est là qu’il faut en reprendre.
Franchement, la musique immonde des Années 80, on n’a rien trouvé de mieux aujourd’hui pour redonner le moral et préparer la suite. La preuve, Partenaire Particulier, auteur d’un seul tube éponyme en 1985, ressort un album ces jours-ci et se tape une tournée. Allez, reprenez du poppers.