Potentiel de l‘hommage pouyesque
Le crépuscule des guignols
de Chrysostome Gourio


Oui, Le crépuscule des guignols est un hommage surappuyé au Spinoza encule Hegel de JB Pouy. Mais doit-on le regretter ou bien encensé un roman qui nous fera réviser nos classiques ?

Il fut un temps où Arthur Saint Doth était policier. Avec son binôme Lazare Gauthier, ils ont combattu une horde féroce qui prônait la révolution par la pensée heidegeggerienne, et l’ont détronnée. Dix ans plus tard, alors qu’Arthur cultive sa vigne dans le Sud de la France, un commando vient saccager sa vie, femme, enfant, exploitation. Qui a osé ? Et pourquoi ? Arthur et Lazare reprennent du service et s’apprêtent à chier dans le ventilo.
Chrysostome Gourio est un branque. Aucun doute là-dessus quand on referme les 200 pages de son Crépuscule. Un branque doublé d’un grand lecteur des œuvres complètes de Jean-Bernard Pouy. L’hommage à la série Spinoza encule Hegel (Albin Michel 1983, suivi de A sec ! en 1998 chez Baleine, puis de Avec une poignée de sable en 2006 chez Les contrebandiers) est ici visible comme le pif au milieu de la face.
Un peu trop diront certains, mais n’est-ce pas là l’objet ? Verve similaire, références rock permanentes, aspect survivor post-apocalypse motorisé à la Mad Max dans la cambrouse française, tous les ingrédients sont là, shakés dans le carburateur et servi en fusion.  Ce flingue, ça booste et entre deux coups de RPG, ça philosophe. L’écriture est fine et stylée, le sujet nous échappe mais qu’importe, on suit la déambulation de ces deux ex-flics devenus punks penseurs de circonstances comme dans un roman de gare entre Perpignan et La Motte Beuvron.
Lorsque le bouquin est terminé, essoufflé, nous consultons notre bibliothèque à la lettre P et nous reprenons la trilogie originale, juste pour voir si l’élève va aussi loin que le maître.
Le crépuscule des guignols
Roman français de Chrysostome Gourio
Baleine – 2012 – 263 pages

Cet article a été rédigé par
Jackson Norriega