A quelques mois de la Présidentielle, Leroy nous immerge dans deux cerveaux qui pensent et vivent l’extrême droite comme d’autre entrent en religion. Adoration de la violence et philosophie politique au service d’un roman sidérant.
Prise dans le feu d’une révolte des quartiers chauds, la France va très mal. Tellement mal, qu’en cette nuit brulante, pour calmer les esprits, le gouvernement a décider d’ouvrir des pourparlers avec Le Bloc Patriotique, parti d’extrême droite suffisamment représentatifs électoralement pour peser dans la balance. A l’issue de cette réunion nocturne, il y a aura peut-être des ministres de la droite nationaliste au pouvoir. C’est au cours de ces douze heures d’attente que deux hommes se souviennent de leur vie sous le drapeau à flammes. D’un coté, le soigneux Antoine, époux d’Agnès Dorgelès, fille du fondateur du Bloc et la nouvelle walkyrie du parti. De l’autre, Stanko, homme de main, lieutenant des basses œuvres et chef du service de sécurité. Antoine et Stanko étaient amis jusqu’à cette nuit.
Sans doute, avec Le Bloc, le front national (ne majusculons pas la vermine, cher correcteur) a-t-il trouvé sa fiction, comme le PCF période stal avait trouvé la sienne sous la plume de Jonquet (Du passé faisons table rase). A cette différence près que Leroy n’est pas encarté à l’extrême droite. Néanmoins.
Néanmoins, le talent de ce roman est de nous faire frémir à la philosophie de deux hommes qui semblent s’être trompés de trottoir. Antoine et Stanko. Deux brutes épaisses. Le premier a eu l’occasion de choisir sa destiné, le second s’est juste laissé glisser. Mais l’un dans l’autre, ils ont formé une machine de guerre cynique et d’une cruelle efficacité au service du parti. Antoine est le politique, Stanko le muscle. Tête et corps en dissociation après des années de ratonnades et de pensum à l’usage d’un électorat à assoiffer de haine. Mais quotidiennement, c’est la violence qui les a réuni.
Comment faire une histoire de quelques trois cent pages avec deux salopards qui n’ont rien de magnifique ? Jérôme Leroy y arrive avec une plume troublante qui plonge tour à tour de la merde et dans une pensée sociétale parfois assez proche de l’idée humaniste. C’est sans doute ça qui reste le plus difficile à ingérer dans cette descente au cœur de la bête immonde.
Le Bloc
Roman français de Jérôme Leroy
Gallimard – 2011 – 296 pages