Il n’y aucune raison pour que, comme sa frangine la blanche, la littérature noire n’aille pas flirter avec la prose poétique. C’est à cette expérience que nous convie Yvan Robin pour cette Ballade des pendus.
Naissance, vie et mort d’un homme qui, son existence durant, aura fait le choix de l’ombre. Histoires d’amour, de vengeance, de sang, le héros, petite frappe, demi sel puis exécuteur se lance dans une odyssée de gangster où l’on peut vieillir si l’on se cache et que l’on attend. Patiemment.
La disgrâce des noyés est avant toute chose un pari stylistique difficile à tenir et Yvan Robin s’en sort avec les honneurs. Le texte est découpé selon une mise en page stricte : une page par chapitre. A l’ancienne, c’est une sorte de geste derrière la prose de laquelle il faut chercher. Poème tragique, rien n’y est évidemment dit.
Mais l’on comprend. On suit. La plume est irréprochable, connaît ses classiques et Yvan Robin, compositeur à ses heures perdues, nous offre une espèce de concept album comme il s’en écrivait à la grande époque du rock progressif. On entend derrière de petites musiques comme si la vie de ce personnage était découpée en autant de pistes.
A travers ce récit, Robin nous fait toucher du doigt les possibilités infinies de la littérature noire et Baleine nous fait découvrir, une fois de plus, un auteur riche. On se demande, néanmoins, de quoi pourra être fait un second roman de cette main.
La disgrâce des noyés
Roman français de Yvan Robin
Baleine – 140 pages – 2011