Potentiels du dérangement
Téléscopages de Fabienne Yvert


Pour les lecteurs débutants du PetLabPotGlob, sachez qu’il y a dans la colonne de droite une case appelée Thématique dans laquelle vous trouverez tous les articles précédemment écrits sur les Editions Attila. Pour les autres, voici la dernière trouvaille de ces défricheurs impénitents.

De 1997 à 2002, Fabienne Yvert rédige une collection de fiches autobiographiques qu’elle envoie régulièrement à une liste d’abonnés. Parallèlement, elle stocke les originaux dans une boite. Lorsque l’empilement des fiches atteint le sommet de la boite, elle cherche le moyen d’en faire une livre.

Ce coup-ci, les Attila n’ont pas eu besoin de chercher un graphiste à la hauteur du texte à publier. Fabienne Yvert écrit et dessine. Elle vit aussi au bord de la Méditerranée, dans une petite maison, au creux d’une calanque. Et comme elle fait partie de ces gens qui ne supportent pas de s’ennuyer, qu’elle a plusieurs cordes à son arc, elle occupe son temps entre rédaction, création plastique et déambulations béates. En ce sens, Télescopages porte bien son titre. Tous les petits évènements d’un quotidien somme toute assez voisin du notre sont assemblés selon une chronologie par toujours orthodoxe, sans grande logique, sans grands effets de manche, mais avec un sens notable du raccourci qui confine à l’instantané photographique. Qu’elle nous fasse profiter d’une recette de cuisine ou d’un bain de pied accidentel dans la Manche, Fabienne Yvert s’exprime avec la candeur d’un rédacteur de journal intime que personne ne lira jamais. Sauf que.

Quelques années avant l’ennuyeuse folie de l’autofiction, Fabienne Yvert a la joyeuse idée de mettre en place cet assemblage décousue et épistolaire du quotidien. Tout est publiable, pour peu que l’idée prime sur le contenu. Ici, la petite phrase concurrence le résumé du diner de la vielle. C’est Twitter et Facebook dix ans avant leur invention. La plasticienne y joint des dessins de son cru, linogravures concoctés dans son atelier face à la mer.

Télescopages se lit comme un carnet retrouvé dans un vieux sac, perdu en cour de déménagement. Une autre vie qui ressemble à la notre, à celle de notre voisine, sans fioriture.

Avec Attila, Fabienne Yvert a trouvé la seule maison d’édition capable de mettre en page ce rapport journalier d’une vie pour en faire un livre incontestablement curieux et addictif.

Télescopages

Livres de Fabienne Yvert

200 et quelques pages – Attila – 2010