Racheté en 2007 par le groupe Figaro, il aura fallu à peine 3 ans au site culturel Evene.fr pour se retrouver vidé de son contenu et voir finalement la totalité de son équipe rédactionnelle aimablement remercié.
Lorsqu’en 2007, le groupe Figaro rachète Evene.fr, le site est alors le premier magazine culturel en ligne français. On y trouve une rédaction de qualité, libre de son ton et une curiosité plutôt rare au milieu d’une toile principalement dédiée à l’hypermerchandisation.
Le principe pour le Figaro est d’intégrer Evene.fr à son pôle « Nouveaux médias » qui compte dans son portefeuille un certain nombre d’autres sites à la liberté de parole déjà remarquable: Figaro.fr, Sport24, Figaroscope, etc… Mais le directeur général adjoint du groupe se veut rassurant : tous les moyens seront donné à Evene afin de « poursuivre sa croissance de façon autonome et ambitieuse, tout en lui faisant profiter de synergies avec les autres activités ou marques du groupe ». Vous l’avez compris, les mots sont toujours importants et petit poisson deviendra grand s’il apprend à lire entre les lignes.
Dès le mois de mai 2009, la rédaction se voit infliger des coupes budgétaires qui l’oblige à revoir ses projets. Certains de ses journalistes qui sont désormais rémunérés en droits d’auteurs, voient leurs contrats non renouvelés. Evene alerte le Figaro de cette gestion calamiteuse mais aucune réponse ne vient du sommet jusqu’en janvier 2010.
Le groupe Figaro a alors une grande idée à proposer: Evene Bis. Soit un portail culturel permettant de l’achat de flux, des contenus variables et du réseau communautaire. En bref, de la page à pubs avec valorisation en potentiel de clics à la seconde. La rédaction d’Evene rejette le projet qui est déjà en contradiction totale avec son identité d’origine, et surtout à l’opposé total des mots apaisant du directeur général adjoint en 2007. Colère du coté du Fig qui traite Evene de « Libé des années 80 » et lance, du coup un plan de licenciement pour motif économique.
Début aout 2010, c’est chose faite. Evene a eu beau se débattre, émettre un bulletin d’alerte dont une partie des informations est reprise ici, les 24 employés de la rédaction sont passés à la trappe laissant ainsi la voie libre au groupe Figaro pour faire du premier magazine culturel du Web, une jolie vitrine de promotion à l’usage de qui veut et qui peut.
On a du mal à comprendre tout de même une chose : pourquoi dépenser de l’argent dans le rachat d’un site internet dont la visibilité est faite, avec un lectorat qui colle à ses ambitions de départ, pour le vider de son contenu et en faire tout l’inverse ? Autant créer soi-même une structure. Ca coute cher ? Certainement pas autant que de trainer 3 ans autour du pot pour arriver à ses fins.
Certes, les voies du grand capital sont impénétrables, mais ce qu’il va falloir trouver maintenant, c’est le godemiché king-size monté sur un puissant vérin hydraulique pour réapprendre à tout cette petite bande d’anal-rétentifs ce que c’est que le plaisir.