Un potentiel hautement rémunérateur:
Le dépot

Christophe Dupuis est libraire. Il y a dix ans, il s’installait à Saint Macaire et ouvrait sa prermière librairie, uniquement dédiée au polar. Monter ce type d’entreprise dans un bled de 5000 âmes, c’était déjà un tour de force. Aujourd’hui, parce qu’on ne peut pas rester un ayatollah toute sa vie, Entre Deux Noirs a délocalisé à Langon et s’est généralisée. Pour faire vivre sa boutique, Dupuis monte des manifestations autour du roman policiers allant de rencontres avec des auteurs à des randonnées noires dans la campagne bordelaise. Parmi les animations qu’il organize tout au long de l’année, il y a les Dégustations Littéraires. Celle qu’il a mise en place ce mois-ci vient de lui couter ce petit mail:



De : ATC <tenaguillo@cepdivin.org>

Répondre à : ATC <tenaguillo@cepdivin.org>

Date : Thu, 22 Oct 2009 08:58:23 +0200

À : dupuis christophe <polar@entre2noirs.com>

Objet : marque "dégustaion littéraire"


Bonjour,

Je suis tombé par hasard sur votre site et voici ce que j'y ai trouvé :


"6 Octobre / 18h30 à 20h : Les dégustations littéraires -

Les dégustations littéraires :

Le principe est simple : on parle littérature et vin, avec un libraire et un viticulteur

Rejoignez-nous autour d'une table, pour écouter Christophe Dupuis vous présenter divers livres et venez rencontrer Sylvie Carrillo qui vous parlera de sa production viticole au Château Caillivet.

Rencontres, échanges, discussions et dégustations seront au programme lors de cette soirée conviviale. "


Je voudrais simplement vous signaler que "dégustation littéraire" est une marque déposée, ainsi que le concept.

Je ne pense pas que vous pouvez ignorer les Dégustations littéraires organisées par l'association CEPDIVIN que je préside, sinon, comme dirait Isidore, vous pouvez toujours aller voir : http://www.cepdivin.org/degustations/degustations.html

Je vous serais donc très reconnaissant de ne plus utiliser cette marque et de supprimer sur votre site cette appellation et de la remplacer par une autre qui vous conviendra. Vous pouvez, si vous le voulez, nous la soumettre car nous avons déposé toute une série de marques en relation avec le vin comme produit culturel.

Par contre, si vous le désirez, nous pouvons étudier un partenariat entre l'Entre-Deux-Noirs et CEPDIVIN.

Bien à vous,

Amancio Tenaguillo y Cortázar

Président de Cepdivin

CEPDIVIN

Centre d'Etudes Pluridisciplinaires Des Imaginaires du VIN

www.cepdivin.org <http://www.cepdivin.org>

tenaguillo@cepdivin.org"

Je laisse les moins cyniques d’entre vous digérer l’info quelques secondes… Voilà ! Ca fait du bien, non ?

Et j’encourage désormais tout le monde à se creuser le crâne. En ces temps de crises internationale, où il faut s’attendre chaque jour à finir soit au chômage, soit en garde-à-vue, soit les deux par le jeu d’une mystérieuse corrélation dénonciatrice, il ne nous reste plus que notre richesse intérieure. Certains d’entre vous sont, je le sais, déjà découragés. Complexés, ils sont persuadé que de richesse intérieure ils n’ont point. A ceux-là je dis : « Mais si, tout est possible ! ».

Christophe Dupuis appelle l’Institut Nationale de la Propriété Industrielle immédiatement : « Ah ! Ben oui, lui dit-on, ça c’est sûr que vous ne pouvez pas utiliser ce nom là, il a effectivement été déposé chez nous. » Voilà, comme il le dit lui-même, le vin et la littéraire ça date de Socrate, au bas mot. Oui, mais bon, c’est déposé. Et s’il lui prend l’envie de persister dans l’utilisation abusive du groupe nominal « Dégustation Littéraires », il s’expose à des poursuites judiciaires. On est bien d’accord, il ne s’agit pas pour Christophe Dupuis de vendre une série de produits quelconque sur lesquels figurent « Dégustation Littéraires », relisez le mail. Il s’agit du nom d’une manifestation à l’entrée libre. Non, n’insistez pas, je vous dis, sinon, police-menottes-prison.

Bon, le bon plan là-dedans, c’est qu’on a tous un dictionnaire chez nous et qu’un dépôt de groupe nominal à l’INPI ça coute 225,00 euros tout rond (avec des suppléments si vous êtes gourmands et que vous voulez avaler tous les domaines de compétences à protéger). Voilà, il n’y a plus qu’à. En se démerdant bien, on doit arriver à une idée à la con par jour, c’est pas ça qui manque. Après, je vous l’accorde, il faut un peu de ressources financières, pas mal de patience et un rien de ténacité.

Mais grosso modo, c’est pas plus que de jouer au loto. Un jour où l’autre, vous avez toutes les chances pour qu’un crétin de la tare de ce Christophe Dupuis s’empare par mégarde de l’un de vos groupes nominaux et là, c’est bingo !

Bon, je suis d’accord, il vous manquera finalement un avocat. Ah ! Ben, oui, ça reste quand même un sport de riches. Mais à la portée de tout le monde.

Post-scriptum en forme de conseil de lecture: L'expéditeur du mail cité plus haut a utilisé son droit de réponse en signant un commentaire. Nous utilisons le notre dans la colonne de droite, dans la case dédié au courrier des lecteurs, sous la mention "Aux armes!"

Re-Post-scriptum du vengeur démasqué: Christophe Dupuis, le libraire honnis donc, prend à son tour la plume pour répondre à l'attaque commercialo-vampirique de M. Tennaglio y Cortazar sur le blog de Libération. C'est ici ou ici: http://livres.blogs.liberation.fr/livres/2009/10/le-brevet-du-vivant-littéraire-.html