On peut concocter un bon noir et planter sa fin.
Dans le genre, le premier roman de Sam Millar est un cas d’école.
Dans le genre, le premier roman de Sam Millar est un cas d’école.
Adrian est un adolescent irlandais qui vit seul avec son père, ancien flic devenu artiste peintre, ex alcoolique portant le deuil de sa femme morte dans un accident de la route. Dans cette petite bourgade en banlieue de Belfast où il y a trois ans une fillette a disparu, l’hiver s’apprête à quitter le pays. Au cours d’une ballade en forêt, Adrian découvre un os pris dans une gangue d’argile glacée. Quelques jours plus tard, le garçon fait une mauvaise rencontre et disparaît. Son père va alors reprendre pied dans son ancienne vie de flic et se lancer dans la recherche de son fils, levant par là même le voile sur de terrrrrrribles secrets, comme on dit dans les quatrième de couv’ à la mord-moi-le-genou.
Et justement, sur la quatrième, dans une courte bio de l’auteur, on apprend que Sam Millar est un ancien de l’IRA qui a fait vingt ans de cabane après le braquage d’un fourgon et qu’il a obtenu en 1998 le Brian Moore Story Award, ce qui, pour ceux d’entre vous qui ne savent pas l’anglais, n’est pas un prix attribué au meilleur malfaiteur de l’année mais un prix littéraire dédié aux auteurs irlandais. Sam Millar est un forcené aux idées politiques très tranchées et qui, nous dit-on dans l’interview qu’il a donnée sur le site de Fayard Noir, se sert des souffrances qu’il a vécu en prison pour trempé sa plume dans une violence très sombre.
Poussière tu seras commence très bien. Un petit orchestre de personnages parfaitement campés occupent la place dans cette ville dont on ne sait pas grand chose, et prennent chacun leur part de la narration, d’un chapitre à l’autre, en alternance. Le fils, Adrian, adolescent désœuvré qui hante la campagne au cours de promenades en solitaire. Jack, le père, qui défoule désormais ses passions autodestructrices dans des toiles violentes. Son ancien collègue, Benson, flic rangé sous la coupe d’un super intendant gueulard et détestable. Les deux coiffeurs, Harris et Jeremiah, meilleurs amis du monde qui tiennent l’un des derniers barber shop authentique de la ville. Et enfin, Judith, la femme de Jeremiah, vampe camée qui sadise son époux entre deux shoots d’héroïne.
Et l’action monte, lentement mais sûrement, jusqu’à une sorte d’apothéose rondement menée et une dégringolade infernale qui vous tient scotchée à votre plumard, pour ceux qui lisent au lit.
Ca pourrait s’arrêter là et on serait content. La sauce aigre que Millar nous concocte dans cette marmite salingue est plutôt efficace et d’un noir réjouissant, si tant est que l’on ose l’oxymore. Or, Millar ne s’arrête pas là et glisse, dérape, dans une fin mélodramatique en queue de morue, foutant littéralement tout par terre. Alors qu’il avait jusque-là tenu un récit acéré et exigeant, le voilà qui s’enferre dans un final larmoyant où l’on retrouve pêle-mêle des révélations éculées, une manipulation que l’on croyez définitivement rangée dans le tiroir des effets à ne plus produire, une mort au champs d’honneur où on nous épargne à peine le « Tu diras à ma femme que je l’aime… Aaaarg ! » et un happy end à la va-comme-je-te-pousse bien en dessous de la promesse. Tout cela s’achevant par un bâclage en bonne et due forme : explication en dialogues des évènements que vous n’auriez pas encore compris.
Frustration totale assurée, impression de s’être fait faire les poches, bref il est quatre heures du matin, tout à l’heure vous bossez, vous avez vidé la cafetière et tintin pour dormir. Fayard Noir a racheté les droits des deux autres romans de Millar paru chez Brandon. Alors on espère encore…
Et justement, sur la quatrième, dans une courte bio de l’auteur, on apprend que Sam Millar est un ancien de l’IRA qui a fait vingt ans de cabane après le braquage d’un fourgon et qu’il a obtenu en 1998 le Brian Moore Story Award, ce qui, pour ceux d’entre vous qui ne savent pas l’anglais, n’est pas un prix attribué au meilleur malfaiteur de l’année mais un prix littéraire dédié aux auteurs irlandais. Sam Millar est un forcené aux idées politiques très tranchées et qui, nous dit-on dans l’interview qu’il a donnée sur le site de Fayard Noir, se sert des souffrances qu’il a vécu en prison pour trempé sa plume dans une violence très sombre.
Poussière tu seras commence très bien. Un petit orchestre de personnages parfaitement campés occupent la place dans cette ville dont on ne sait pas grand chose, et prennent chacun leur part de la narration, d’un chapitre à l’autre, en alternance. Le fils, Adrian, adolescent désœuvré qui hante la campagne au cours de promenades en solitaire. Jack, le père, qui défoule désormais ses passions autodestructrices dans des toiles violentes. Son ancien collègue, Benson, flic rangé sous la coupe d’un super intendant gueulard et détestable. Les deux coiffeurs, Harris et Jeremiah, meilleurs amis du monde qui tiennent l’un des derniers barber shop authentique de la ville. Et enfin, Judith, la femme de Jeremiah, vampe camée qui sadise son époux entre deux shoots d’héroïne.
Et l’action monte, lentement mais sûrement, jusqu’à une sorte d’apothéose rondement menée et une dégringolade infernale qui vous tient scotchée à votre plumard, pour ceux qui lisent au lit.
Ca pourrait s’arrêter là et on serait content. La sauce aigre que Millar nous concocte dans cette marmite salingue est plutôt efficace et d’un noir réjouissant, si tant est que l’on ose l’oxymore. Or, Millar ne s’arrête pas là et glisse, dérape, dans une fin mélodramatique en queue de morue, foutant littéralement tout par terre. Alors qu’il avait jusque-là tenu un récit acéré et exigeant, le voilà qui s’enferre dans un final larmoyant où l’on retrouve pêle-mêle des révélations éculées, une manipulation que l’on croyez définitivement rangée dans le tiroir des effets à ne plus produire, une mort au champs d’honneur où on nous épargne à peine le « Tu diras à ma femme que je l’aime… Aaaarg ! » et un happy end à la va-comme-je-te-pousse bien en dessous de la promesse. Tout cela s’achevant par un bâclage en bonne et due forme : explication en dialogues des évènements que vous n’auriez pas encore compris.
Frustration totale assurée, impression de s’être fait faire les poches, bref il est quatre heures du matin, tout à l’heure vous bossez, vous avez vidé la cafetière et tintin pour dormir. Fayard Noir a racheté les droits des deux autres romans de Millar paru chez Brandon. Alors on espère encore…
Poussière tu seras
Roman irlandais de Sam Millar
Traduit de l’anglais par Patrick Raynal
Editions Fayard Noir – 2009
300 pages
Roman irlandais de Sam Millar
Traduit de l’anglais par Patrick Raynal
Editions Fayard Noir – 2009
300 pages