Confronté les deux tiers de l’année à la nuit et au froid, la Suède est plus connue pour ses dépressifs suicidaires que pour son sens de l’humour. Du coup, les auteurs suédois ont fait la fortune des éditeurs de romans noirs. Avec Jonas Jonasson et son centenaire, le soleil se lève enfin sur la comédie policière.
Allan Karlson a tout fait dans sa vie. Il a rencontré d’éminentes personnalités de l’Histoire du XXème siècle (de Nicolas II à Richard Nixon) et a pu vivre d’extraordinaires aventures, vu que la seule chose qu’il ait apprise après avoir quitté l’école trop tôt, c’est à manier les explosifs. Aujourd’hui, Allan a cent ans et il vit dans une maison de retraite. Mais il est trop en forme pour accepter un petit vin d’honneur en compagnie des grabataires de son institution. Alors il enjambe le balcon de sa chambre et se sauve. Et parce qu’à cent ans on a encore toute la vie devant soi, Allan s’embarque dans une virée qui va mettre le pays sans dessus dessous.
Ca y est, la Suède a son Tim Dorsey. Oui, au PetLab, nous poursuivons inlassablement notre bourrage de crâne sur Dosey. Bon, on exagère, ce n’est pas encore aussi déplâtré que Dorsey, mais on n’en est pas loin. Jonas Jonasson n’a aucune limite, ce qui est déjà un bon départ. Non seulement on ne doute pas une seule seconde que son centenaire ait pu rencontrer Mao et deux ans plus tard Quim Jong Il adolescent, mais le fait qu’il puisse foutre la pagaille au royaume avec une bande de dingues et un éléphant ne nous paraît pas plus incongrue.
Le but de Jonasson est vil. Réhabiliter les salauds. Une chose est posée d’entrée : Allan Karlson déteste la politique. Il ne veut pas qu’on lui en parle. Partant de ce principe, il va rencontrer les pires engeances qu’aie engendré notre XXème siècle et s’en faire de bons copains de boissons. Oui, car Karlson, s’il n’aime pas la politique est un bon compagnon de table. Ses passions pourraient se résumer à la bonne bouffe et au tord boyau. Pour ceux qui s’offrent de temps à autre un hot dog à 1 euros chez Ikéa, sachez que dans la patrie des Krisprols, c’est l’un des mets les plus courus. Coté culinaire, Allan n’est donc pas né au bon endroit. Pour la boisson par contre, habitué à l’aquavit, il ne sera déçu ni en Chine, ni en Russie. Et en bon compatriote de Nobel, il dynamite comme personne. Lâché dans l’Histoire et dans la nature, Allan Karlson est donc un personnage à surveiller de très près. La police va vite s’en rendre compte.
Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire est donc une épopée hilarante dans un pays endormie, dans les chaussons pisseux d’un centenaire qui déconne plus vite que son ombre grâce à une solide bande d’amis et une conscience très vive du pragmatisme. Un vrai médicament.
Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire
Roman suédois de Jonas Jonasson
Traduit du suédois par Caroline Berg
Presses de la cité – 453 pages - 2011