Gabriel Lecouvreur a pris des vacances et est parti faire un tour le long des Cotes d’Armor. Mais comme le Poulpe reste un grand collecteur d’emmerdes, le voici avec deux suicides bizarres en une de Ouest France. Un peu étrange tout de même, ces deux ornithologues qui se balancent ensemble, un soir de tempête du haut d’une falaise, pour finir plusieurs mètres plus bas, déchiquetés sur les rochers. Mystérieuses encore, la mort de ce couple de retraités, quelques jours plus tard dans un accident de la circulation. Qu’est-ce qui joint donc ces drames bretons et universels ? Ne serait-ce pas lié à cette presqu’île voisine, paisible lieu de résidence d’une ribambelle de pêcheurs qui s’est peu à peu transformé en villégiature pour riches ? Un site protégé, où la belle famille d’un certain Président de la République fait des pieds et des mains pour faire installer le tout à l’égout.
Que le poulpiste puriste se réjouisse, Gabriel Lecouvreur revient aux sources : la lutte sociale hexagonale. Après Sarko et Vanzetti (toujours pas lu depuis le chapeau de cette chronique) il est heureux de voir l’octopode se latter avec les sbires du Président. Dans une Bretagne qui rendrait presque un hommage grinçant à l’éditeur armoricain Bargain, notre Lecouvreur distribue les coups, en aval d’autre et se retrouve entre les pattes d’un auteur au style sèchement humoristique et centralisé sur son sujet. Ici, foin de Paris. Si Gourio se permet quelques références à de précédentes aventures (ce qui est toujours classe), l’entourage du Poulpe est convoqué de loin. Le Pied de Porc se retrouve doublé par la gargote locale d’un Aborigène anarchisant, Chéryl et consort sont restés à la capitale, tout ne se passe que dans la loupe qui encercle ce petit bled de Bretagne, un peu la manière de la page de garde d’un album d’Astérix.
Fafs, gros bras, grossium, riches, tout y passe dans cette lutte de classe pour le confort. Transposé sur les abords de la péninsule, l’affaire du tout à l’égout de la famille Bruni au Cap Nègre prend une tournure vengeresse et trouve une conclusion plutôt extraordinaire dans le genre terrorisme de chiottes.
Comme quoi, pas besoin de s’éloigner des cotes françaises pour donner au Poulpe de nouvelles proies, la France est encore pleine d’ordures à traiter.
Le Poulpe n° 268 : Le dolmen des dieux
Roman français de Chrysostome Gourio
169 pages – Baleine - 2010